Les deux visages de Google Discover
Pourquoi tout le monde a raison (et tort)
Depuis quelques semaines, une observation revient dans les discussions sur Discover : Google concentrerait sa visibilité sur les gros médias mainstream, au détriment des petits éditeurs et sites indépendants. Certains outils montrent des top 50 de plus en plus concentrés, avec une diversité qui s’effrite.
À l’inverse, nous observons une diversité accrue et un micro-ciblage extrême, même si le gros de la visibilité reste concentré sur les gros médias, whitelistés. Nous voyons des sites e-commerce ultra-spécialisés, des médias locaux, et surtout l’arrivée massive de Twitter et YouTube dans les flux français depuis Septembre-Octobre 2025.
Les deux visions sont vraies. Voici pourquoi.
Les deux Discover coexistent
Google Discover n’est pas une base unique. C’est en réalité un système ultra complexe destiné à fournir des recommandations spécifiques à des cohortes d’utilisateurs profilés avec soin. Un système qui peut fonctionner en mode dégradé, simplifié, quand il n’est pas personnalisé.
Alors comment expliquer ce paradoxe ?
Le flux générique : le Discover “officiel”
C’est celui que vous voyez si vous consultez Discover sur desktop, si vous êtes un nouvel utilisateur, ou si vous n’avez pas encore d’historique de personnalisation. C’est aussi celui que la plupart des outils de scraping capturent facilement.
Caractéristiques :
Whiteliste de gros médias pour garantir la crédibilité
Absence de spam visible à large échelle (depuis fin septembre)
Ressemble à Google News, rassurant et “safe”
Facile à scraper, facile à analyser
Mais attention : ce n’est PAS ce que voient les vrais utilisateurs dans leur usage quotidien.
Le flux personnalisé : le Discover réel
C’est celui que vous avez sur mobile, après quelques semaines d’utilisation, une fois que vous avez interagi avec Google, peut-être cliqué sur quelques boutons “Follow”, ajusté vos centres d’intérêt dans votre compte Google, et que l’algorithme a construit votre embedding utilisateur (voir notre article ”Souriez, vous êtes embeddés”).
Caractéristiques :
Hyper-ciblage via interests et embeddings utilisateurs multi-temporalités
Beaucoup plus riche que les flux génériques
Réseaux sociaux (Twitter, YouTube) de plus en plus présents, yc en France désormais
Petits sites ultra-ciblés par thématique
Contenus hyper-locaux ou hyper-spécialisés
Invisible sans volume de data massif et tracking de profils représentatifs.
Notre avantage technique : pourquoi nous voyons ce que les autres ratent
Ça fait plus de deux ans qu’on travaille sur ce problème. Depuis que Damien a dévoilé les techniques pour capturer des flux Discover sur desktop, beaucoup de choses ont changé. Chez Google, mais aussi chez nous.
Nous ne captons plus de flux desktop depuis des années.
Nous captons de vrais flux Discover, ceux que les utilisateurs ont sur leur mobile. C’est un gros challenge technique, mais aussi d’échantillonnage et de représentativité de nos profils.
Notre data n’est pourtant pas parfaite. Selon les thématiques, on a des clients qui nous disent “C’est incroyable, c’est super représentatif, vous captez tout, dès que je publie”, tandis que pour d’autres, si on capte bien les plus gros articles, on peut faire des erreurs dans la portée des articles. C’est normal, on essaie d’améliorer sans cesse. On ne prétend pas avoir une data parfaite : notre data représente ce que voient nos profils.
Ce qu’on voit par contre, en comparant avec d’autres services qui publient leurs chiffres, c’est la différence considérable de volume, de nombre de cartes, d’URLs et de domaines qu’on voit et analyse.
C’est cet avantage technique qui fait la différence :
Volume 20x supérieur a d’autres outils sur le marché
Chaque article vu en moyenne 26 fois chez nous vs ~2 fois ailleurs
Cela permet de différencier clairement les blockbusters des articles classiques, mais aussi de capter des signaux faibles qui échappent aux autres.
Si vous voyez chaque article en moyenne 2 fois, vous pouvez difficilement en déduire quelque chose de précis. Chez nous, avec 26 vues en moyenne, nous pouvons distinguer les tendances réelles du bruit statistique et attirer l’attention sur des signaux faibles, bien que réels et actionnables.
Capter des flux génériques via desktop, c’est facile. C’est comme scraper Google News. Mais ce n’est pas Discover.
Exemples concrets de différenciation
X.com entre dans le top 50 français
En octobre 2025, X.com fait son entrée dans le top 50 des sites les plus visibles sur Discover en France selon notre data.

1% de la visibilité sur le mois, 20ème position
(avec une croissance au fil du mois: le mois prochain pourrait être encore plus flagrant)
Mais attention : ce n’est pas avec des tweets viraux qui font des millions de vues.
C’est avec des dizaines de milliers d’URLs ultra-ciblées, chacune présentée à une micro-audience très qualifiée. Chaque tweet = une recommandation très spécifique, pas un blockbuster. C’est du micro-ciblage pur, invisible pour les outils qui n’ont pas notre volume de capture.
22 184 tweets français, de 15 000 profils Twitter différents...
C’est presque autant que les 22 421 articles d’Ouest-France captés en octobre...
À comparer aux 8 822 domaines actifs sur Discover le même mois (4 959 si on ne compte QUE les URLs de type articles)
Des chiffres que vous retrouverez dans votre zone client.
Le cas des médias locaux (PQR)
Certains éditeurs de PQR observent quelque chose de fascinant autant qu’inquiétant : ils se voient “fermer” les sujets de politique internationale sur les flux génériques, tandis qu’ils continuent à performer sur les flux personnalisés pour les contenus locaux.
Là encore : du ciblage. Un média local, autorité sur sa région, ne peut plus forcément se battre avec Le Monde sur l’actu internationale.
Comparaison des ratios de performance (nombre de vues par article):
Le Monde : ratio x20 (gros média, bien présent sur les flux génériques)
Twitter : x2 seulement (mais avec une grande diversité d’URLs)
YouTube : x3 , là encore, très très ciblé et très varié
Presse locale : x5 pour France Bleu, x6 pour Ouest-France, x10 pour Actu.fr
Les médias locaux perdent sur le générique, mais gagnent sur l’hyper-personnalisé. Si vous ne regardez que les flux génériques, vous passez complètement à côté de leur performance réelle.
Pages Profile : notre découverte en avant-première
Il y a trois mois, Damien découvrait les pages Profile Google. Une nouvelle page Google qui agrège site web + réseaux sociaux + bouton Follow. Google a confirmé ensuite, le déploiement est en cours.
Cette découverte illustre notre capacité à voir les changements avant qu’ils ne deviennent évidents. Grâce à notre volume de capture et notre R&D, on repère les signaux faibles qui annoncent les grandes évolutions.
Ces pages profiles sont un autre signe que Google axe ses flux sur la personnalisation, en permettant à ses utilisateurs de “suivre” une entité, un média, un créateur de contenu. Avec, à la clé, des contenus et des posts de réseaux sociaux qui ne feront jamais surface dans les flux génériques.
Ces pages profiles continuent d’évoluer: pour preuve, une update toute fraiche de Google, qui a rendu certaines urls de profile non fonctionnelles.
Si vous êtes dans ce cas et que l’url de votre profil renvoie une erreur 400, demandez-nous un lien à jour, nous avons aligné nos systèmes dans la foulée.
La transition en cours
Nous pensons que Google teste actuellement les deux modèles en parallèle :
Court terme : sécurisation via whitelist (anti-spam, crédibilité)
Moyen terme : personnalisation extrême + écosystème RS
La bascule est progressive.
Avant septembre 2025: Twitter qui “clignote” dans Discover.
Septembre 2025 : Nous observons des tests Twitter sur environ 10% des comptes français.
Octobre 2025 : Présence de Twitter sur le majorité des comptes Discover FR.
Il est fort possible que les autres réseaux sociaux présents sur les fiches profiles suivent.
Implications stratégiques
Pour les médias et éditeurs :
Ne pas se baser uniquement sur les outils génériques pour analyser Discover
Comprendre qu’il existe deux stratégies différentes selon le flux visé
Investir dans la personnalisation (Follow, Profile, RS)
Préparer la transition vers l’hyper-personnalisation
Pour les créateurs et e-commerce :
Le micro-ciblage est votre ami
Les audiences ultra-qualifiées valent mieux que les volumes massifs
Une stratégie multi-RS devient essentielle
Profiter de l’arrivée des RS dans les flux
Pour tous :
Data de qualité = avantage compétitif critique
La visibilité se disperse, mais se cible mieux
Moins de blockbusters, plus de récurrence sur les niches
Ce qui arrive : une série d’analyses approfondies
Cette introduction pose les bases. Dans les semaines qui viennent, nous publierons une série d’articles qui creusent des angles complémentaires !
Cet article fait partie d’une série d’analyses approfondies sur l’évolution de Google Discover. Pour ne rien manquer, abonnez-vous à notre Substack.
Découvrez aussi nos recherches sur les embeddings utilisateurs et notre analyse de l’évolution de la recherche d’information






